intentions

Pancia in su

la petite joue dans sa chambre
Simona Gambaro
Ils me demandent des indications pour préparer les petits spectateurs au spectacle, pour qu’ils puissent le comprendre. Mais ce n’est pas un spectacle à comprendre. C’est un jeu de mots, de formes, c’est comme sentir le parfum d’une fleur.

Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de préparer le regard. Peut être simplement savoir qu’il ne sera pas question d’une seule histoire ou d’une seul conte mais de plein de petites histoires, situations ou pensées qui peuvent arriver tous les jours : quand on a peur du noir, quand on s’énerve fort, quand un frère nous embête, quand on s’habille le matin, quand on doit manger la soupe, quand on rêve.

Et puis, après avoir vu le spectacle ensemble, utilisez cette forme théâtrale dans son essence de rencontre : demandez simplement aux enfants de quels passages ils se souviennent le plus et si eux aussi ont déjà vécu de petites histoires proches de celles qui ont été contées. Utilisez les images représentées et l’identification aux personnages comme des clés pour accéder à leur vécu, voir même à ce qui ne s’exprime pas avec des mots rationnellement exacts mais plutôt à travers des formes fantastiques, des couleurs ou des signes affectifs.

Le spectacle est né justement d’une rencontre, d’un partage. En parlant et en jouant avec les enfants, je me suis mise à l’écoute en essayant de suivre le fil de leurs pensées à travers des histoires ou des questions, beaucoup de questions auxquelles il est possible de répondre par le jeu.
Ce ne sont pas des questions extraordinaires, ce sont des mots de tous les jours. Et pourtant j’ai reçu en réponse de grandes confidences, vraies, instinctives et profondes. Je les ai traité avec soin, sans imposer mes règles d’adulte, sans envahir ou juger, mais seulement en écoutant et à mon tour en racontant.
Je peux essayer d’écrire quelques-unes de ces nombreuses questions, mais vous les connaissez sûrement déjà :

  • Comment sont faites les pensées? … 
  • où sont elles? …
  • où est ta pensée quand tu es triste ? …
  • et quand tu es heureux ?
  • De quoi as tu peur ? … 
  • que fais tu lorsque tu as peur ? … 
  • est ce une vraie peur ? … 
  • vraie comment ?
  • Et si un petit frère arrive ? …. 
  • Que voudrais tu lui dire avant qu’il ne naisse? … 
  • dessine moi le ventre de ta maman… 
  • et dedans c’est comment ? Q
  • ue se passe-t-il quand tu es en colère ? …. 
  • De quelle couleur est ta colère? … 
  • Quelle forme a-t-elle ? … 
  • qu’est ce qu’il se passe si tu la laisses sortir ?... 
  • Et quand la colère est partie ? … 
  • Que voudrais-tu trouver au bord de la mer ?
  • Dessine moi la nuit, ta nuit … 
  • est ce que c’est beau de s’endormir ?... 
  • et de se réveiller ?... 
  • tu me racontes un rêve ?... 
  • est ce que tu as un doudou qui dors avec toi ? … 
  • Dis moi comment il est ?
  • Qu’est ce que tu emmènes à l’école ? … 
  • Qu’est ce que tu laisses à la maison ?
  • Amène moi une photo de quand tu étais petit…. 
  • Tu étais différent de maintenant ? 
  • Qu’est ce qui a changé ? …
  • Comment sont tes mains ? … 
  • Et celles de ton papa et de ta maman ? … 
  • et celles de tes grands-parents ?

La fin du spectacle s’inspire de vers d’une poésie de Emily Dickinson :
“L’eau est apprise par la soif.
La terre, par les océans traversés.
La joie, par la douleur.
La paix, par les récits de bataille.
L’amour par l’empreinte de la mémoire.
Les oiseaux par la neige.”
Ils apparaissent comme le signe poétique de ce spectacle, de l’histoire de ces deux enfants qui imaginent, vivent, jouent et connaissent. Ils connaissent ainsi à travers l’émotion, la stupeur, le manque, la fine mémoire physique des choses, Et c’est ainsi que les enfants grandissent.