le fil du récit

N' être

les comédiens, danseurs, chanteurs de la compagnie échangent tour à tour leurs rôles
la conteuse peut changer de rôle
le début de ce conte « La Cendrillon tibétaine » est encore plus terrible : Lumière-Turquoise, la jeune héroïne, transgresse un interdit et va chez les Srin-mo, les démones. Séduite, elle suit leurs conseils et tue sa propre mère en lui coupant les seins…
Tout un symbole.
Nous sommes dans un conte : l’âme d’une mère ne quitte jamais tout à fait son enfant. Celle-ci se réincarne en différents animaux pour protéger et sauver sa fille. En effet, on ne s’allie pas impunément à des démones : Lumière-Turquoise est devenue leur souffre-douleur, leur souillon… Puis vient l’épisode du bal, du prince, de la chaussure, et du mariage heureux.
Contrairement au conte européen, l’histoire ne s’arrête pas là. Lumière-Turquoise est habitée par son crime et l’image de son double-mauvais : la fille-démone qui est devenue comme sa sœur et s’est mise à lui ressembler. S’introduisant au palais, cette dernière noie Lumière-Turquoise et prend sa place. Sous la forme d’un petit oiseau d’or qui sort de l’eau, Lumière-Turquoise informe le prince du subterfuge et lui indique ce qu’il doit faire pour qu’elle soit enfin délivrée.
Ce conte est un prétexte pour parler de la « seconde naissance », l’adolescence
Le « meurtre du père » est ici le « meurtre de la mère » : comment sortir une seconde fois de ce ventre ?
Quitter la mère nourricière (ici symbolisé par le meurtre), à la mère symbolique, celle qui se réincarne d’animal en animal pour continuer à accompagner son enfant.
Mais aussi les questions d’identité, la violence, la découverte de son corps, masculin/féminin (le choix d’un danseur masculin n’est pas anodin)…
Renouer avec son histoire pour continuer librement son chemin d’adulte.
Pour explorer cette histoire trois artistes. Si chacun est porteur de sa discipline, celles ci s’entremêlent. Les trois interprètes incarnent tour à tour les personnages du récit. Tout comme la parole des personnages, le chant est porté à plusieurs voix, et la danse circule dans tous les corps.
Le spectacle ne comprend pas de décor, mais la magie des costumes nous transportent sur les hauts plateaux du Tibet.