La première fois et extrait

Murmures



Souvent la première fois, une émotion profonde s’empare de vous liée à la découverte, à la surprise, une impression nouvelle et étrange, plaisante ou obscure.
La première fois, ce n’est jamais pareil puisque ça n’avait jamais encore eu lieu.
La première fois, c’est un sentiment d’abandon absolu qui s’est emparé de moi, dans tout mon corps, lorsque la porte de la Maison d’Arrêt s’est refermée derrière moi. Mon esprit était glacé, j’aurais préféré que ce soit un vrai cauchemar que j’aurais pu fuir en ouvrant les yeux. Pourtant, ils étaient ouverts et j’ai regardé en toute incompréhension cet endroit dans lequel j’avais volontairement accepté d’entrer.
En partageant ces questions avec d’autres, est-ce que je peux mieux comprendre et appréhender la société ?
Et en définitive, que mes interventions et stages se déroulent auprès de publics divers, dans les mjc, écoles de danses, conservatoires, maisons d’arrêts ou auprès de personnes handicapés…
J’essaie toujours de décliner et orienter mon travail vers ces questions qui me semblent importantes, qui s’imposent à mon esprit comme une nécessité.

Aujourd’hui je travaille sur la question de l’enfermement avec «Murmures».
L’enfermement dans sa tête, dans son corps, entre les murs…
L’enfermement comme source de maux de l’esprit, puis du corps, avec comme témoin, le geste. Comment le corps se comporte-t-il lorsqu’il se sent empêché, qu’il ne respire plus, qu’il ne rêve plus… qu’il n’espère plus?

La première fois que j’ai été amené à intervenir en Maison d’Arrêt, je l’ai fait sans doute par légèreté et à la fois par nécessité.
Besoin de travailler avec la danse, par la danse, gagner ma vie en la dansant.
La première fois, je l’ai fait aussi par curiosité, par défi vis-à-vis de moi-même. Je me suis fait violence, c’est un vrai travail.
Bouba Landrille Tchouda