James Chance et Les Contorsions

James Chance et ... / The Chap

James Chance
James Chance (photo A. Cerdan)

Funk : James Chance, tranchant et sexuel

En concert hier à Paris et en tournée ces prochains jours, le James Brown blanc fait revivre le New York punk-funk débridé du début des années 80. Toujours d’actualité.

James Chance à Paris, c’est un peu l’occasion unique qui fait un peu peur. Qu’attendre aujourd’hui du héros du punk-funk new-yorkais, près de trente ans après la sortie de son incontournable manifeste Buy, qui porte si bien son nom? Héroïnomane notoire, James tiendra-t-il la distance, au tiers d’une tournée européenne qui l’a déjà conduit à Amsterdam ou Glasgow grâce à Disco Babel, une poignée de passionnés du vrai rock plantée à cheval entre Paris et Londres?

Ce soir, au Tryptique, devant 300 personnes, il a le visage un peu bouffi par les ans, les cheveux teints, mais le vilain de la no-wave porte beau, avec sa chemise à jabots et sa veste lamée or. Derrière, trois musiciens costauds, des Rennais qui font sonner impeccablement le groove atypique du James Brown blanc. Pas besoin d’intro, le set débute par une série de clusters sur un orgue criard. Verre d’alcool à la main, James est agité, “pas 100% bio”, constate un ami à mes côtés. Il ne saute plus en plein morceau sur une gueule dans le public qui ne lui revient pas, ou sur une fille qui lui plaît. Il ne se lance plus dans des impros longues et débridées sur son saxophone. De ce côté-là, c’est plutôt service minimum. Juste un “Shut up and let me work” balancé à un spectateur qui réclame son morceau.

Mais qu’importe, car il y a ce son, toujours aussi incroyable et novateur. Et cette voix, intacte après tant d’années, toujours aussi tranchante et sexuelle. Et le plaisir d’entendre des hymnes comme “Design To Kill” ou “Contort Yourself” en VO, entrecoupé d’un extrait d’un nouvel album, car James a de l’adrénaline en réserve. Le concert est court, cinquante minutes, mais le public, des ados rock fashion aux quinquas un brin nostalgiques (Agnes B est dans la salle…), partage le même sentiment satisfait d’avoir vu passer un phénomène.
Jean-Stéphane Brosse
in vibrations.com


ARTE / TRACKS (décembre 2005)

"Hargneux, torturé, cinglé, sa réputation n'est plus à faire. L'acteur principal de l'underground new-yorkais des années No Wave, James Chance revient!

Le “sax maniac” fait son come back! Après 25 ans d’errance, à 53 ans, James Chance, le James Brown blanc reprend le taureau du funk par les cornes. Pour résoudre l'équation funk punk jazz, James Sigfried se dédouble. Il est James Chance pour la No Wave et James White pour le funk expérimental. Dans cette schizophrénie musicale, il invente son propre style."

 

POP NEWS.com (2004)

"Accompagné de ses Contortions reformés, James Chance a donné, en mai dernier à Barcelone, l’un des concerts les plus explosifs de l’excellent festival Primavera.

Ce retour scénique d’une légende du mouvement no wave, après une traversée du désert de près de vingt ans, coïncide avec la réédition de l’essentiel de sa discographie. […] Les deux premiers, "Buy" par James Chance & the Contortions et "Off White" par James White and the Blacks, datent de la même année 1979. Deux disques mal embouchés, voire franchement nihilistes, grinçants et obsessivement sexuels ("Stained Sheets", "Bedroom athlete"), bref, typiquement new-yorkais. L’homme joue du saxo comme il chante : avec une totale absence de considération pour le beau et le bon goût. Une attitude punk dans l’âme, qui cohabite pourtant avec une authentique sensibilité musicale héritée du jazz (surtout free, mais pas seulement) et lorgnant vers le funk. "
 

NOVA (2005)

"Comme un ouragan, la mode revival a dévasté quasiment toutes les années 80. Ne manquait plus que la no wave, un des courants les plus dignes d'une époque tourmentée. Son représentant le plus illustre s'appelle James White, saxophoniste et leader du groupe le plus emblématique de cette période, les Contortions.

Coincée entre le punk décadent et la new wave, la no-wave est un condensé des 70's. Un amateurisme revendiqué (les keupons), des structures minimalistes (les Stooges), une pointe arty (le Velvet Underground), et du jazz pas vraiment free mais bien trippé (Sun Ra).

Mais James White se retire peu à peu de Ze Records et de la scène no wave. "Après 1984, la mode et l'underground avaient changé. Je n'avais plus rien à voir avec ce milieu. "

LIBERATION (2008)

" Jazz à La Villette : La température montait de quelques degrés avec l'intraitable James Chance, rescapé à peine assagi de la no-wave new-yorkaise. Clavier maltraité, sax écorché, vociférations de James Brown blanc (sous une pompadour impeccable) : ce soir-là, le Cabaret Sauvage portait bien son nom." (Inrocks)