Le texte Mon corps en neuf parties m'est apparu dans toute sa force, dans toute son évidence : c'est une langue tellement vivante qu'elle impose d'emblée ses propres images au lecteur ou au public.

Comme le souligne Raymond Federman, un récit autobiographique qui ignore le corps n'est pas un récit complet.

C'est cette façon détournée de nous livrer sa vie – en creux, en bosses, à l'image des cicatrices de Federman – qui m'a touché dans ce texte et qui m'a donné l'envie de le porter à la scène. J'aimerais faire découvrir au public l'univers si étrangement décalé, si absurde de Federman ; ce personnage, tout droit sorti d'une pièce de Beckett, parvient pourtant à nous dire l'indicible.

Je ne m'interdirai pas dans ce spectacle d'avoir recours, ponctuellement, à d'autres textes de Federman, comme une sorte de spectacle à tiroirs, car chacune de ses paroles renvoie à un autre de ses textes, ou à une autre période de sa vie.
Mon corps en neuf parties est pour moi une des plus belles géographies de l'intime qui soit, et un duo jazz m'accompagnera sur scène à faire ce voyage avec le public.

Stéphane Müh