Omara Portuondo

Melingo / Omara Portuondo

Sa voix au long cours escalade, tournoie et ondule, prompte à surmonter en douceur tous les obstacles. Elle se présente presque nue, agrémentée de légères ponctuations à la contrebasse, au piano ou aux percussions. Omara Portuondo, c'est l'unique femme du Buena Vista Social Club, celle qui, dans le film de Wim Wenders, laisse échapper une larme lors de son duo avec Ibrahim Ferrer. Une des rares rescapées du groupe avec le guitariste Eliades Ochoa. Une reine du boléro et du filin (contraction cubaine pour « feeling ») qui chanta aux côtés de l'Américain Nat King Cole au fameux Tropicana Club de La Havane. Elégance et swing sont au rendez-vous comme toujours. Gracias (« Merci »), clame Omara Portuondo en titre de cet album qui fête ses soixante ans de carrière.

Le précédent, paru au mois de mai dernier, était enregistré en duo avec la Brésilienne Maria Bethânia (3F). Pour celui-ci, elle a invité le pianiste cubain surdoué Roberto Fonseca, le contrebassiste jazz Avishaï Cohen, les tablas indiens de Trilok Gurtu... Sur une chanson dont il est l'auteur (O que sera, devenue Ah tu verras, tu verras par Claude Nougaro), le poète musicien Chico Buarque lui prête sa voix.

En ouverture, Omara Portuondo reprend J'ai vu, d'Henri Salvador en espagnol (Yo vi). La berceuse Drume negrita joliment renouvelée clôture l'ensemble en compagnie du Camerounais Richard Bona, au chant (éthéré) et aux percussions (alertes).

 Eliane Azoulay

Telerama n° 3063 - 27 septembre 2008
http://www.telerama.fr

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