Intentions

Les éoliennes

un champ d'éoliennes après la pluie
un champ d'éoliennes

Le 5 décembre 08, pour les Journées de Lyon des Auteurs de Théâtre, la lecture scénique du texte Les éoliennes était très belle. Créée en quatre jours, avec cinq comédiens, et Seymour Laval fabriquant des ombres, elle trouvait l’âme du texte…

Il y avait cinq chaises (quatre bleues et une orange), et deux rétro projecteurs, qui projetaient les ombres mobiles de petites pales de papier fixées à des bouchons.

Nous reconstruirons sur ces bases-là. « Bricolages poétiques inspirés », nommions-nous il y a quelques années nos travaux sur August Strindberg, Dylan Thomas et Nick Tosches. Terme encore valide, ô combien, pour nous aujourd’hui…

L’histoire drôle et terrible des éoliennes se passe dans plusieurs pièces d’une maison, et dehors devant la maison. Autour et au-dessus, il y a un champ d’éoliennes…
Je ne veux pas voir matérialisées les pièces de la maison et tout le tintouin. J’aime ces quatre chaises (la famille) et une cinquième chaise d’une couleur différente (la fiancée). Laisser vivre cela, le laisser se déployer.

Là, faire tourner les ombres charmantes et menaçantes de fausses éoliennes. Inventer des objets, « home made poetic machines » pour fabriquer depuis le plateau des ombres qui tournent. Petites et grandes. Inlassables les ombres, inlassable le travail pour les fabriquer.

Pour signifier les différents lieux, on devra chercher quel type d’ombres les peuple. Car certains lieux sont moins protégés de ces ombres que d’autres.
Idem pour le son des éoliennes, que l’on transcrira scéniquement par une texture musicale composée par Charly Marty. Guitares, vieux clavier Farfisa, éoliphone, élégant bruitisme fabriqué du plateau par les cinq acteurs… Musique pour musiciens, pour musiciens en herbe, apprentis et autres…

Fausses éoliennes visuelles, fausses éoliennes sonores.

Sur scène les acteurs disent le texte, mais aussi fabriquent, concrètement, l’univers scénique et l’univers sonore. Le plateau nu peuplé d’êtres vivants et de machines. D’êtres vivants actionnant des machines.

Ce monde-là se passe ainsi…
 
Le texte d’Anne-Frédérique Rochat, extrêmement dialogué, avec son humour noir et réjouissant (cet endroit sur la tranche où le tragique et le comique sont dans un équilibre instable, fildefériste) laisse des portes ouvertes à ces directions de travail. Tout en trouvant une adresse profonde, délicate, au public.
Pour que cet univers bizarre, cette belle utopie du désordre et de l’étrangeté, ne soit jamais clos. Qu’il soit bizarre, ô oui, qu’il soit clos, non…