Cabaret expressionniste

Le cirque des Mirages

en costumes blancs à faire pâlir le diable. Une montre immense à la main  Parker nous indique qu'il est temps de remonter  le temps ...
Parker et Yanowski

“Dans ce nouveau tour de chant, écrit au fil des tournées et des résidences, Le Cirque des Mirages renoue, plus que jamais, avec la tradition du cabaret expressionniste, ou plutôt, avec ce que fut le cabaret dans sa chair et son essence avant qu’il ne soit détourné au profit d’une représentation caricaturale et  consensuelle dont seul subsiste un vulgaire nuage de strass et de paillettes.

A-t-on besoin de rappeler que le cabaret de la fin du 19ème siècle, constituait le cénacle de l’avant-garde et de la résistance, que dans ce bouillant creuset, se tramaient les pires accouplements artistiques (poésie, chanson, musique, danse…), qu’ici on venait noyer à coup de cynisme et de textes grinçants et corrosifs la bonne morale des églises et l’ignominie des états ?

Est-il nécessaire d’indiquer que l’expressionnisme naquit dans une Allemagne passée en peu de temps d’une société rurale, voire féodale, à une société industrielle où l’homme perdit peu à peu sa place. Que, dans ce contexte, l’expressionnisme devint le cri de l’individu privé de « Dieux et de repères », violemment écrasé et étouffé par la machine, dont la vie devenue impersonnelle vint à s’amenuiser au point que Rilke supplia dans les Elégies de Duino qu’on lui donne « sa propre mort ».

On comprendra dès lors, après un parallèle facile avec notre belle et joyeuse époque, que le cabaret expressionniste du Cirque des Mirages n’est pas un quelconque clin d’œil nostalgique aux spectacles d’autrefois, mais plutôt une réponse violente, absolument moderne, tissée à coup de beauté, de poésie et de fantastique, à la puissance écrasante d’une société.  La seule réponse peut-être, en égard à l’assentiment d’une certaine chanson qui s’écoule et se vautre dans les eaux de la bonne conscience et de la morale établie.”

Yanowski