Avant Propos

Ploutos




un extrait de la version outdoor du spectacle

Ce qui m’a frappé à la lecture du Ploutos c’est la pertinence des questions qu’il pose, dans la période que nous traversons – laquelle nous paraît étonnamment proche de celle que décrit Aristophane.

Point de départ de la comédie : un père qui a des principes, mais à qui ses principes n’ont pas fait faire fortune, se demande s’il doit les inculquer à son fils, alors que seuls réussissent les individus sans morale… Cruel dilemme que bien des parentsd’aujourd’hui doivent affronter, en ces temps de crise de l’emploi dont eux-mêmes sont parfois les premières victimes.

Ploutos s’ouvre donc sur un triste constat : il y a quelque chose de pourri dans la République d’Athènes, puisqu’on s’y enrichit essentiellement par des moyens douteux : la spéculation, la dénonciation, la vente d’armes… en d’autres termes, la fortune des uns ne se construit qu’à partir de la misère des autres.

A ce système corrompu, à cette situation intenable, Aristophane oppose une crise. Une crise salvatrice et, bien évidemment, jubilatoire…Elle est ici provoquée par Ploutos - le Dieu aveugle de la richesse - après qu’il a recouvré la vue. Ploutos voyant à nouveau clair, ce pourrait être l’intrusion fracassante de la morale dans la chose économique. On commence par le croire. Mais dans Ploutos, la richesse ira désormais moins à ceux qui la méritent qu’à… tout le monde. Une sorte de remise à niveau générale qui aura mis, momentanément, la cité sens dessus dessous… On assiste, en somme, à une folle utopie : l’annulation, par l’argent, des méfaits de l’argent (car une fois Pénia – la pauvreté – chassée de la cité nul ne peut plus s’enrichir sur son dos.) Combien d’entre nous aspirent à l’arrivée d’un Ploutos (au moins sur scène) ?
N’y aurait-il pas matière, par son évocation, à réjouir le public d’aujourd’hui, comme celui d’autrefois ?
Dorothée Zumstein (septembre 200)

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