Philippe Gordiani © Yves Dorizon

«Je lui passais un de mes disques, ou un de Coltrane, je lui expliquais ce que nous faisions.
Puis il s'est mis à intégrer certaines de ces choses dans ses disques. C'était formidable.
Il m'a influencé, je l'ai influencé, et c'est comme ça, toujours, qu'on fait de la grande musique.
L'un montrant à l'autre quelque chose qui sert de point de départ. »
Miles Davis parlant de Jimi Hendrix, Miles Davis l'autobiographie avec Quincy Troupe


A quoi aurait ressemblé la collaboration entre Jimi Hendrix et Miles Davis si elle avait eu lieu? Tous deux étaient dans une démarche de recherche et d'expérimentation en brisant les barrières transgenres. Quelle aurait été la direction musicale prise par ces deux géants du Jazz et du Rock? Qu'auraient ils fait des frontières stylistiques qui séparent ces deux musiques?

« Voodoo » est un projet qui cherche à croiser les langages musicaux, à mon image de guitariste rock et jazz à la fois. J'ai envie avec « voodoo » de developper une musique à la frontière du jazz psychédélique et du free rock comme un projet de ré-écriture imaginé autour de cette rencontre avortée. La musique sera en partie constituée d'éléments, de fragments issus des répertoires d'Hendrix et de Davis ; croiser une basse d'In a silent way avec un pattern d'Electric Ladyland, transformer une improvisation de Miles en un thème à l'énergie Hendrixienne, travailler tous ces fragments comme des samples, en gardant avant tout la personnalité et la singularité des membres de "Voodoo".

Pour constituer ce nouveau projet, j'ai souhaité m'entourer de musiciens très ouverts, curieux mais surtout déjà inscrits dans des projets personnels exigeants et contemporains. Que ce soit Antoine Berjeaut et son projet Waste Land, Alice Perret avec les Lunatic Toys, Joachim Florent et Emmanuel Scarpa avec Radiation 10. Quant à moi, ce  sera une suite logique à mon i-overdrive trio, aux morceau écrits pour le Libre Ensemble de Bruno Tocanne et une recherche parallèle à mes expérimentations avec l'Alphabet de Sylvain Rifflet ou 21 mon dernier trio.

"Voodoo" : une basse électrique solide, une batterie ouverte aux idées larges, des claviers rythmiques et nébuleux, une trompette parfois aérienne, parfois rugissante et une guitare acide et sauvage. Au final une superposition des trames instrumentales pour transformer le rôle du solo en un mur du son collectif ou chaque musicien participe librement à la texture électrique de l'orchestre. Ce sera une musique résolument actuelle, construite sur les fondamentaux du jazz moderne et du rock que sont l'Electric Miles et le Jimi Hendrix Experience.
Philippe Giordani