Nasser Djemai

« Faut pas ti rissembles à moi ».
Et voilà, le mot d’ordre est lancé.
Le véritable mot d’ordre du père.

« Faut pas ti ressembles à moi », en d’autres mots : être au-dessus de ce qui était écrit, de ce qui était programmé. En tout cas, surtout, surtout, pour Nabil, ne pas être ce qu’il est.  Être plutôt ce que les autres veulent : son père, sa prof, Geneviève la grand-mère de son ami Jean-Luc… Des désirs concomitants dont le seul but (inavoué) est, en fait, d’éloigner Nabil de ses origines. Ce que Nabil pressent et tente scrupuleusement de respecter.
Puisque ce qu’il est réellement ne semble pas être une bonne chose, puisqu’il est donc apparemment anormal, la seule voie pour lui, est bien d’accéder à une position hors du commun.
Un désir d’ascension sociale face à une société à ce point satisfaite d’elle-même, qu’elle réussit à persuader Nabil qu’en appliquant ses méthodes, il pourra accéder à tout ce dont il peut rêver : c’est-à-dire être lavé coûte que coûte quitte à en devenir transparent. Une société qui prétend offrir une place qu’elle-même n’est pas prête à donner.
Au-delà du cas particulier de Nabil, enfant d’immigrés, démarrant au bas de l’échelle sociale, « Une étoile pour Noël » pose la question de l’individualité face à une société qui ne la reconnaît pas, de la férocité d’un monde d’adultes paniqués résolus à cadrer les débordements farouches de l’enfance, et de manière plus intime, s’interroge sur l’étrange combat mené, dans la construction d’une identité, entre la part innée et la part façonnée
par le désir des autres.
Natacha Diet