l'appel au théâtre

L'Homme qui tua Don Quichotte

L'homme qui tua Don quichotte  (photo Nino Pajot)

Don Quichotte "représenté"

«Mon bon Sancho, donne moi ta main, et pardonne-moi, si je t’ai donné l’occasion de paraître aussi fou que moi! Si un heureux hasard met un jour sur ton chemin l’auteur d’une histoire publiée sous le titre de « l’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche », prielui instamment de bien vouloir me pardonner pour lui avoir donné, à mon insu, l’occasion d’écrire toutes les absurdités qu’on y trouve; car je quitte cette vie avec les remords de les lui avoir inspirées.» Don Quichotte

 

«Les effets de mise en scène doivent tenir dans un sac et se résumer à peu près à quatre pelisses, quatre barbes ou perruques et quatre houppettes. La décoration du théâtre est une vieille couverture, tendue avec deux ficelles de part et d'autre" Cervantès


Après deux premières adaptations de l’oeuvre de Cervantes, Premier Acte propose aujourd’hui une troisième version de Don Quichotte, plus légère, portée par un narrateur et concentrée autour d’un seul objet : le Livre...
On le sait, le roman de Cervantes fut un énorme succès populaire lors de sa parution. Si l’on en croit l’auteur, il était lu à voix haute sur le parvis des cathédrales et même dans les champs et les fermes à l’heure du repos.
Rien d’étonnant à cela : le roman est composé pour près de 90% de dialogues et le caractère oral de sa prose est reconnu par les plus éminents spécialistes.

Une fois l’adaptation terminée, les relations entre l’auteur et ses personnages établies, notre premier travail a été de rassembler des matières sonores qui pourraient illustrer les inflexions du texte et ses rendez-vous insolites : fragments de balades, cadences familières de fanfares, valses, tendres musiques dupassé...
En misant essentiellement sur les souvenirs auditifs du public, autrement dit sur la mémoire sensorielle commune, nous avons souhaité l’inviter à participer activement à la transposition scénique ; la présence de la conteuse permettant de l’associer directement à ce travail. Porteuse de cette incroyable histoire et n’ayant pour appui que
le Livre de Cervantès, celle-ci donnera au récit son rythme et ses tonalités. Plus qu’ils ne l’accompagneront, ses mots et ses gestes traduiront les moulins et convoqueront les enchanteurs…
Notre parti pris de multiplier les références au théâtre oriental - présence d’un musicien sur scène, écriture gestuelle et « surmarionnettisation » de la comédienne - invitera le public à s’investir dans ce qu’il voit, sans jamais oublier qu’il est au théâtre et que ce qu’on lui montre repose sur des codes de jeu et sur un savoir faire.
Tout participera sur scène à ce que l’art de l’acteur et l’art du spectateur soient indissociables l’un de l’autre.