Faire du neuf avec du vieux, ou plutôt faire du beau grâce à des vieux, c’est toute l’ambition de « Rhapsode », disque où les sixties d’Ennio Morricone, Francis Lai et autres compositeurs de musiques de films trouvent enfin le chanteur qui leur manquait. Mais attention, sous les pavés de ces compositeurs soixante-huitards, pas de plagiat. Comme la vieille pierre est un investissement sur le long terme, on aurait envie de décrire Emile Sornin, leader de Forever Pavot comme un artisan du solide, à la fois pro de la bidouille et démolisseur de cloisons. Ses armes, il les a faites au sein d’un premier groupe – feu Arun Tazieff – où l’envie d’être le chef d’orchestre se fait déjà sentir. Emile y développe déjà les techniques chères à François de Roubaix : rêver ses chansons, les bricoler solo et piste par piste, puis finalement les accoucher dans le studio de ses frères de cœur, les toulousains d’Aquaserge. Le résultat s’avère à la hauteur des nuits blanches : là où d’autres se contentent de copier le passé, Emile empile les mille-feuilles sonores, réhabilite le clavecin dans ce monde étriqué qu’est devenu la pop et compose des morceaux arrangés (Electric Mami) qui donnent l’impression d’entendre Strawberry fields forever chanté par les Zombies.

 

Extrait vidéo