Troisième album officiel du groupe Arlt, ‘Deableries’ est un recueil de chansons suaves, gondolées, radioactives, dont on ne sait pas très bien de quoi elles parlent, « si c’est de la mort qui vient ou bien du café qui brûle, si c’est de l’amour qui s’en va ou bien de quoi ». Éloïse Decazes y chante comme une sirène toxicomane (et parfois même, littéralement, comme une sirène de pompiers), une marionnette hantée, une enfant en proie aux hallucinations, une vieille femme phosphorescente, elle est aussi émouvante que drôle, et plus étrange que jamais. Sing Sing y épanche son baryton de cafetière, au-delà du juste, à sa façon de loup-garou qu’on a ébouillanté pour rigoler. Cette façon siamoise, torve, sexuellement trouble de joindre leurs timbres somnambules fait de l’effet. Les mélodies vocales, poignantes, sont tissées à même les arpèges hirsutes, riffs erratiques, suites d’accords déglingués que lui tire d’une guitare antédiluvienne qui sonne parfois comme un vieux clavecin qu’on réveille. De la miniature groovy, vénéneuse et patraque (…) on trouve un peu de tout ici, du très ancien et du très neuf, du sentiment à la pelle, des questions théoriques saugrenues, de la poésie cannibale, du chamanisme nain, des ritournelles, du conte, des bruits bizarres, de l’humour noir et rose, du psychédélisme en guenilles cousues d’or, des sensations, des sensations, des sensations.

 

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