la presse en parle

T.I.N.A

la crise fait rire!

Le rire comme alternative à la crise

T.I.N.A., quatre lettres par lesquelles il faut entendre « There is no alternative ». Pas le choix, donc. Nous voici d’emblée fixés sur notre sort comme a pu l’être le peuple anglais sous le gouvernement de Margaret Thatcher (à qui l’on doit ce slogan). Car c’est la crise ! Sur scène, un décor de carton et trois comédiens pour expliquer, durant près de deux heures, les fondements de cette dernière. C’est à partir du quotidien de Paramo, immigré mexicain, que le public assiste à une véritable initiation à la crise sur un ton rappelant par moments l’émission télévisée « C’est pas sorcier ». De nombreux aspects sont ici abordés, allant du système des « subprimes » aux premiers courtiers dans les années 1980 aux États-Unis, en passant par la notion d’emprunts toxiques. En effet, cette démonstration se fait au moyen de termes financiers et de tout le jargon économique de rigueur, ici expliqué. Bon nombre des personnages ayant eu un rôle dans cette affaire sont également là, Standard & Poor’s, Moody’s, Goldman Sachs, sans oublier Lehman Brothers.
 
Cynisme toujours plus aiguisé
Bien que parfois cabotins, Vincent Fouquet, Guillaume Motte et Sébastien Valignat n’en sont pas moins drôles. Ils endossent avec talent et beaucoup d’humour toute une galerie de personnages toujours plus outranciers et largement caricaturaux. On admire le potentiel schizophrénique des trois comédiens à incarner diverses figures allant du banquier aux dents acérées à la victime naïve, du petit génie de la finance à Georges W. Bush et ses fameux bretzels… Soit autant de personnalités guidées par la volonté de faire encore et encore plus d’argent, quel qu’en soit le prix. C’est donc une escalade, un cynisme toujours plus aiguisé qui fait office de fil rouge tout au long de T.I.N.A. Cette pièce rappelle qu’à l’instar de l’endettement des ménages, c’est le même processus qui se reproduit deux décennies plus tard sur les États, entraînant au passage un flot de spéculations financières.
 
Le décor d’une apparente simplicité se compose d’une série de cubes, caisses en carton, panneaux modulables qui deviennent successivement l’appartement miteux de Paramo, puis des bureaux pour tradeurs, enfin la Maison-Blanche… Par ailleurs, la mise en scène a ceci d’intéressant qu’elle met en avant l’absence de distance entre le public et les comédiens, notamment à travers les choix d’éclairage et les adresses directes aux spectateurs. La dimension didactique est très présente tout au long de la pièce donnant l’impression d’assister à un cours d’économie théâtralisé.
 
Bien que le thème soit un peu rebattu, T.I.N.A. est un texte brillant et drôle porté ici avec talent par les comédiens de la Cie Cassandre. Quoiqu’un peu longuet, c’est un moment de théâtre intéressant que nous offre Sébastien Valignat. Ce spectacle aide ainsi à comprendre, à rire et, dans tous les cas, à réfléchir sur ce qui anime notre actuel présent : la crise. ¶
  Élise Ternat
Les Trois Coups
www.lestroiscoups.com


Théâtre : pas d’alternative

Il n’y a pas d’alternative” est la traduction d’un fameux slogan de Margaret Thatcher, repris comme titre par Simon Grangeat pour sa pièce : T.I.N.A. There is no alternative.

Mise en scène par Sébastien Valignat, elle nous replonge dans la crise américaine des subprimes, invitant trois comédiens à endosser les habits du banquier, du citoyen, du trader, de l’agent immobilier et même du président des États-Unis. Ceci afin de livrer de notre monde obsédé par l’argent une vision humoristique et perspicace.
Caïn Marchenoir, in lyon capitale