portrait par Jl Bertheau
Depuis plus de vingt ans, son parcours, du classique conservatoire aux improvisations libres, de la chanson esthète aux bandes-sons en tout genre, plaide pour lui. Vincent Courtois est bien plus qu’un violoncelliste épatant, ce musicien exigeant persiste et signe une œuvre originale, loin des contraintes de formats précalibrés.

C’est encore de cela dont il s’agit pour cette création qui relie trois capitales : le Parisien réunit deux saxophonistes ténor, le souffle chaud du Berlinois Daniel Erdmann et les élans brillants du Londonien Robin Fincker, pour former un trio du genre inédit dans l’histoire du jazz. « Tout comme j’ai souvent cherché à réunir des instruments complémentaires, pour élargir la palette sonore, j’ai régulièrement joué avec des ténors, en quelque sorte le jumeau du violoncelle.

Ils ont en commun une tessiture centrale et un timbre axial. Ça fonctionne naturellement entre ces deux instruments du milieu, où toutes les combinaisons sont possibles sur un registre voisin. » C’est ainsi qu’il a développé l’idée de cette rencontre baptisée « les Mediums », « ceux qui entrevoient le futur ».
Une appellation qui renvoie tout autant à son goût pour l’univers poétique des cabarets ésotériques et autres cabinets de curiosités. D’ailleurs, au moment d’écrire le répertoire, il confie avoir revu avec plaisir des films au parfum d’étrange, comme les cultissimes « Freaks », « Mulholland Drive » ou « Elephant Man », des univers éminemment sensibles à la condition humaine qui ont nourri son imaginaire pour composer cette bande-son « lynchienne ».

Au menu une « Femme sans corps » et « Jackson’s Catch », deux tenaces souvenir d’enfance pour Vincent Courtois dont le père, décorateur forain, l’emmenait à ses drôles de spectacles. Et même « Une Inquiétante disparition », « cette fille qui entre dans une malle et disparaît »…

Jacques Denis