D’origine dominicaine, Natalia M. King est née en 1969 dans le quartier latino-américain de Brooklyn. Alors qu’elle est adolescente, sa famille quitte le « barrio » pour s’installer à Rochester, dans l’état de New York. A l’université, elle étudie un temps la sociologie et l’histoire.
Alors que la majorité de ses contemporains choisissent confort et profit, elle plaque toute idée de réussite sociale et dans la grande tradition beatnik, comme l’ont fait avant elle Jack Kerouac ou Woody Guthrie, elle claque la porte de chez elle et décide de faire la route. Elle se souvient : l’appel du grand large !
Quand il commence à te travailler, tu ne peux pas y résister longtemps…
Carnet de notes en poche, la voilà qui sillonne telle une exploratrice les Etats-Unis d’Est en Ouest, s’arrête ici ou là au gré de ses envies (le Grand Canyon, l’Oregon, Seattle, l’Alaska…), tâtant à tous les petits boulots existants.
Elle finit par s’établir à Los Angeles.
C’est dans la Babylone californienne que débute sa carrière de musicienne. Fender Stratocaster en main, Natalia se produit en compagnie des Mojo Monks, un combo musclé qui pratique un blues âpre et peu orthodoxe.
C’est aussi là qu’elle se plonge dans le bain des musiques des années soixante et soixante-dix qui n’en finissent pas de résonner : Jimi Hendrix, les Doors, Janis Joplin, Crosby Stills Nash & Young, le Grateful Dead, sans oublier les piliers de la black music, Aretha Franklin, Otis Redding, Marvin Gaye…
C’est en les écoutant tous que je me suis forgé mon propre style, explique-t-elle. En pleine hégémonie hip hop, la jeune Afro-Américaine affiche clairement sa différence, qui échappe aux canons et aux goûts traditionnellement associés à son âge et à sa couleur de peau. Ses maîtres à composer et à chanter sont en majorité issus de la scène rock et du rhythm’n’blues historique et ont connu leur heure de gloire alors qu’elle voyait le jour.
Elle sourit : Je ne crois pas au conflit des genres, ni à celui des générations et je n’accorde aucune foi aux soi-disant traditions socio-ethniques. Ce que je sais, c’est que les chorus d’Hendrix sont universels et immortels ! La voix de Janis aussi !