intention

Mademoiselle Else

melle dan ssa chambr ede jeune fille. sur le tapis on y trouve des objets son univers
Melle Else
Il s’agit d’une heure décisive et dramatique durant laquelle Else, jeune fille de dix-neuf ans, apprend de sa mère qu’elle doit soutirer de l’argent à Dorsday, vieil ami de la famille, pour sauver son père coupable de malversations. Mais cet homme lui fait en réponse une proposition singulière. Confrontée à cette situation, elle est amenée à choisir la place qu’elle accorde à son désir, à sa dignité et à son intégrité. Choisir ce qu’elle est, au fond, au-delà de la morale bourgeoise environnante.
Cet événement va la conduire sur un chemin inattendu et dangereux, parce qu’il engendre l’opportunité de se frotter à la vie.


Note

J’ai entendu récemment un fait divers : une adolescente a poussé une autre jeune fille avec laquelle elle était en conflit sur les rails du métro. La camarade a été amputée des deux jambes. J’ai du mal à croire que l’ado a consciencieusement « choisi » de donner la mort à l’autre. Il y a ce besoin d’éprouver la mort, de la provoquer, peut-être afin de savoir si elle peut advenir réellement, sans doute aussi pour se sentir exister, par contrecoup. Il y a de ça chez Else.  Elle est dans un âge transitoire impardonnable, encore ado, presque femme. Comment devenir adulte, responsable, entière, orgueilleuse. Tout lui fait peur. Et pourtant elle démontre une légèreté et une impétuosité surprenante. Elle se balance perpétuellement entre grande lucidité et amusement espiègle ;  transforme la brutalité du monde en jeu. Elle se joue d’elle-même devant le miroir, met en scène son propre monde à tel point que, n’ayant pas dans cette histoire d’autres témoins qu’elle-même, à travers son regard subjectif, on peut se demander si parfois elle n’en rajoute pas ! Si elle ne nous mène pas où elle veut!

Elle va au bout du geste. Elle doit choisir d’accepter ou de refuser la proposition mais elle choisit de la dépasser, de transformer l’essai en un geste crucial et ultime, donc beau et cruel. Elle doit aller au bout, c’est-à-dire jusqu’à tuer, réduire à néant quelque chose : elle-même, ou sa vie, ou le monde autour d’elle – mourir, pour renaître, naître une nouvelle fois. C’est à ce moment que son acte fera événement, sera gravée dans l’histoire. Il le faut sinon ce geste ne sera que l’acte d’une adolescente hystérique.
Anaïs Mazan