enveloppé d'un drapé rouge,
James Carlès, la diva

Coupé-décalé

James Carlès & Robyn Orlin
création Jeudi 13 février 2014 Théâtre Jules Julien

Flamboyant style de danse et de musique, empruntant notamment à la rumba et au hip-hop, le coupé-décalé, apparu au début des années 2000, s’est rapidement répandu bien au-delà de sa Côte d’Ivoire natale. Devenu un vrai phénomène socio-culturel, il a inspiré à Robyn Orlin et James Carlès – tous deux grands arpenteurs du continent des « danses noires » – un spectacle impeccablement coupé (comme on le dirait d’un costume) et irrésistiblement décalé. Quelque part entre music-hall revisité, conférence déjantée et one-man-show survolté (pour la première partie, chorégraphiée par Robyn Orlin et interprétée par un James Carlès formidable en baratineur à l’ego surdimensionné), Coupé-décalé fait d’emblée voler en éclats le fameux quatrième mur – celui, invisible mais bien réel, qui sépare les acteurs/danseurs et les spectateurs – et se déroule tout du long dans (ou hors de) la salle autant que sur scène, l’utilisation ingénieuse de la vidéo (en particulier dans la deuxième partie, chorégraphiée par James Carlès et interprétée par cinq danseurs) ajoutant un pan de représentation supplémentaire. Mû par une folle énergie drolatique, le spectacle emporte dans une sarabande exaltante, doublée d’une satire mordante : dans la frime exacerbée qui règne dans l’univers du coupé-décalé, comment ne pas voir un reflet grotesque de notre société, que dominent l’apparence et les signes extérieurs de richesse ?
Les chroniques du Festival CDC 2014
Jérôme Provençal - journaliste indépendant (Les Inrockuptibles, Mouvement)