propos sur Tartuffe

Tartuffe (2012)

Orgon s'inquiète de la santé de sa famille et plus particulièrement de celle de Tartuffe
Orgon rentre de voyage
Laurent Vercelletto présente Tartuffe 2012

Le Tartuffe est annoncé comme une comédie ; en grande partie en raison de son heureux et invraisemblable dénouement du cinquième acte, dénouement en forme d’hommage adressé au souverain éclairé et omniscient, et qui remet ordre et justice dans la famille d’Orgon. La première version du Tartuffe (interdite et disparue) ne comportait que trois actes et se concluait par la victoire du  fourbe.

Pour autant Le Tartuffe est une pièce violente ; mariage forcé, pudibonderie, ordre moral, toute puissance masculine, maison recluse, trahisons et abus de confiance, enfants déshérités… le tout dans un contexte de domination absolue du religieux.

Pour autant Le Tartuffe est aussi une pièce politique ; la famille (celle d’Orgon) ne serait finalement que la représentation d’une société en possible devenir, dans laquelle l’ordre moral le plus rigoureux, ne fut-il qu’hypocrisie, règnerait en maître.

Le Tartuffe aborde la question de l’intégrisme religieux ; les religions, parce qu’elles se réfèrent à un absolu – le divin- connaissent toutes la tentation de l’intégrisme ; intégrisme qui se construit sur une volonté de pouvoir social et politique, et (ou) sur une crispation identitaire.
Les dévots du XVIIème siècle, dont la volonté de toute puissance est ici attaquée par Molière, ne sont qu’une variante des intégrismes d’aujourd’hui. Et peu importe finalement que Tartuffe soit un vrai ou un faux dévot ; il représente la menace d’une toute puissance et d’un envahissement du religieux faisant régner dans la maisonnée une terreur morale et physique.

Laurent Vercelletto