l'espace, la lumière

Rivesaltes-Fictions

Un écran ferme le regard mais il est brisé : il symbolise la décrépitude du camp.
le projet de scénographie par Charles Boinot

L’espace

La scénographie a été imaginée à partir de deux lignes : pouvoir soutenir la vidéo, très importante dans le spectacle et renouveler le rapport habituel scène/salle. J’ai visionné les vidéos faites par Marion Lechevallier. Une des séquences m’a beaucoup inspiré : le plafond d’une baraque s’était écroulé et avait créé un plancher qui venait escalader un des pans du mur, des tuiles blanches affaissées créaient comme un écran en fond de scène.
Je reprends cette organisation dans l’espace scénique. Un écran ferme le regard mais il est brisé : il symbolise la décrépitude du camp.  Dans le texte de Vincent, il y a deux types de séquences ; certaines se passent dans le camp, comme les paroles du vent, les prises de parole des témoins, d’autres se situent dans des espaces « hors-champ », comme les interventions de la miss-météo ou de la journaliste. J’ai créé deux séries d’espace: le camp et l’ailleurs. Pour sortir du rapport frontal entre le public et le plateau, nous avons pensé un espace éclaté. Il n’y a pas de boîte noire, l’ensemble des installations sont à vues, les modules sont autonomes.
Charles Boinot, scénographe

Charles Boinot
Se forme à l’université Stendhal à Grenoble en licence Art du Spectacle et en BTS de designer d’espace à Univeria à Grenoble, avant d’intégrer l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre à Lyon, en section scénographie. Il travaille notamment avec la compagnie MUH (Wait et Mon corps en neuf parties de Raymond Federman Il, ainsi que Et la nuit chante de Jon Fosse). Il travaille régulièrement avec le collectif X, élèves sortants de la comédie de Saint Etienne : il scénographie Manque de Sarah Kane, Ville #1 et suit le collectif Facticeprod, un label audiovisuel pluridisciplinaire mélangeant, peinture, sculpture, vidéo

La lumière


Quand je pense à Rivesaltes, les images qui me viennent sont liées au vent, à la grande lumière du plateau de Rivesaltes qui s’assombrit, de façon fugitive, quand passent les nuages. Le vent crée une nappe mouvante de lumière. Je cherche à faire exister cette sensation, les différentes sensations de l’extérieur, de la météorologie particulière de
Rivesaltes. En même temps, nous avons une contrainte importante. Nous voulons construire une forme autonome, qui puisse être présentée dans des lieux de théâtre, équipés, comme dans des musées, non équipés. En terme d’éclairage, c’est une contrainte importante car elle réduit la puissance de feux disponibles et les accroches possibles. Mais j’aime cette idée de contrainte. Je vais travailler avec des sources lumineuses plus petites, plus faibles en puissance, peut-être des sources domestiques. Les comédiens auront des passages autonomes, dans lesquels ils s’éclaireront
ou dirigeront seuls la lumière. Les sources de projections vidéos, les écrans, les téléviseurs, seront aussi des sources lumineuses.
Julie-Lola Lanteri, créatrice lumière

Julie-Lola Lanteri-Cravet
Vient des arts appliqués et a suivi à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Technique du Théâtre le parcours de créatrice lumière. Elle travaille avec Vincent Bady depuis 2010 : elle a créé les lumières de son précédent spectacle Europe ne se souvient plus. Elle est créatrice lumière pour des spectacles musicaux, chorégraphiques ou de théâtre et travaille aussi à la mise en lumière d’espaces privés. Elle a travaillé avec le chorégraphe Ibrahim Sissoko et Philippe Vincent, au théâtre avec Nada Strancar ou la compagnie des 7 soeurs, en musique avec Karimouche.