Christiane Véricel,

La morale du ventre

Un homme propose de la nourriture à un groupe d'enfant.  Cette nourriture est placée au bout d'un bâton et les enfants ne peuvent l'atteindre.
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(...) Les images qu'elle installe sur scène doivent tout à son art de guider ses comédiens, jeunes ou plus âgés, afin qu'ils donnent le meilleurs de ce qu'ils ont dans le ventre. Tant sur le plan de l'interprétation que de la complicité qui éclate entre eux à chaque seconde. Ce n'est donc pas une posture lorsqu'elle affirme : "C'est passionnant de mélanger des gens de cultures et d'âges différents, d'essayer de les valoriser sur le plateau. Il s'agit de leur donner une formation théâtrale tout en étant à l'écoute de leur personnalité."
À cette générosité avec les acteurs se joint celle de toucher le public dans son ensemble. Les thèmes développés ressortissent au quotidien de gens ordinaires, pauvres, qui souffrent de la faim ou ont tout simplement du mal à boucler les fins de mois.
"Je fais un théâtre universel pour des personnalités particulières", résume joliment l'artiste. L'ouverture à l'autre, le souci de s'adresser à tous à vite conduit la
troupe à prendre le large. Les voyages vers des horizons de plus en plus lointains sont devenus partie intégrante de l'action d'Image Aiguë. Ces voyages ont la particularité de fonctionner dans les deux sens : la compagnie amène ses propres comédiens à la rencontre d'autres cultures, et ramène les différents pays visités des acteurs vers la France, le temps d'un séjour plus ou moins bref. Avec les difficultés administratives que l'on peut imaginer, aussi bien dans un sens que dans l'autre…
Mais pas question de renoncer, ni même de changer de mode de fonctionnement. "Notre démarche reste actuelle. On voudrait nous faire croire que l'idée de métissage est rejetée, mais ce n'est pas le cas. Et la faim reste un problème dans beaucoup d'endroits".
Alors Christiane Véricel reprend son bâton de pèlerin et va montrer ses spectacles aussi bien au théâtre des Célestins que dans les quartiers déshérités. Avec la même envie de rencontrer le public, de faire que la représentation soit un "catalyseur d'expressions",  susceptible de faire évoluer le spectacle lorsqu'il est en chantier, dans une direction ou une autre. (…)
Caïn Marchenoire
la Tribune de Lyon (mai 2012)