l'affiche de la revue
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Au plus fort des années soixante, les premières « caravanes musicales » qui ont permis au public européen de découvrir le blues ont joué un rôle crucial dans la popularisation d’une musique qui allait bientôt servir de matrice au rock.
 
À une époque où la note bleue avait encore des consonances exotiques aux oreilles de bien des mateurs de musique noire, les artistes présentés lors de ces tournées à travers le Vieux Continent décrivaient l’expérience afro-américaine dans sa diversité stylistique, depuis le blues rural des plantations du Vieux Sud jusqu’au langage urbain des ghettos du Nord.
 
Un demi-siècle plus tard, le blues électrique s’est imposé dans l’ensemble de notre environnement musical, et les sonorités « country » plus traditionnelles sont souvent considérées comme de simples témoins d’une époque révolue.
 
 À mesure que le déclin industriel des USA, amplifié par la mondialisation, poussait des centaines de milliers d’Afro-Américains à quitter les métropoles du nord pour retrouver le Sud, une nouvelle école s’est épanouie, qui mélange la douceur des sonorités acoustiques aux valeurs de sagesse et de vérité ancestrales du blues, tout en évoquant les problèmes d’aujourd’hui. Ainis c'est trois représentants de cette nouvelle école que nous vous présentons aujourd'hui.

 
 

Harrison Kennedy

La carrière de ce bluesman canadien est hors du commun. Jeune chanteur dans les années 1970, Harrison a vendu plusieurs millions de disques en prêtant sa voix à l’un des ensembles de musique soul les plus réputés de son temps, Chairman of the Board. Ce succès planétaire ne l’a pas empêché de vouloir retourner aux sources de son art. « Le blues a toujours été ma préoccupation artistique première, précise-t-il. Avant l’abolition de l’esclavage, certains de mes ancêtres se sont enfuis des plantations sudistes afin de trouver refuge au Canada, mais une grande partie de ma famille est restée dans le Tennessee. Chaque fois que j’allais leur rendre visite, tout au long de mon enfance et de mon adolescence, j’étais profondément ému par la force de cette musique qui leur avait permis de survivre. Contrairement à une idée reçue, le blues n’est pas une musique triste ; c’est une musique qui vous aide à surmonter la tristesse et les épreuves. »
Les compositions de Kennedy, chantées à l’accompagnement d’un banjo, d’un harmonica, d’une mandoline ou de simples cuillères, s’inspirent de cet exemple. Elles racontent des histoires à la fois actuelles et éternelles en puisant aux sources mêmes de la musique afro-américaine. Auteur à la plume poétique marquée, ce country bluesman du XXIe siècle met son humour décapant au service d’un blues réconcilié avec la marche du temps.
 

Guy Davis

Considéré aujourd’hui comme l’un des représentants majeurs de la tradition du country blues, Davis a accumulé pas moins de neuf nominations aux Handy Awards en l’espace de quelques années, s’attirant le respect de fans aussi inattendus que Ian Anderson du groupe Jethro Tull, ou encore l’actrice Jessica Lange.
Chanteur habité, showman enflammé et brillant instrumentiste (il s’exprime aussi bien à la guitare dans un style de picking délié, qu’au banjo et à l’harmonica), Guy est un formidable raconteur d’histoires, capable d’allier dans son répertoire classiques du blues et compositions personnelles.
S’il a passé son enfance dans la région de New York, Guy a été élevé dans le souvenir du Sud de la ségrégation qu’évoquaient souvent ses parents, le célèbre réalisateur et acteur Ossie Davis et la comédienne Ruby Dee (inoubliable dans le rôle de la mère de Denzel Washington dans American Gangster). Cet apprentissage a joué un rôle central dans l’éclosion artistique de Guy, aussi bien dans le monde du blues qu’au théâtre.
Le nouvel album Dixiefrog de Guy, « Juba Dancing », a été salué unanimement comme un chef d’œuvre par la critique.
 

Leyla Mc Calla

Les nombreuses facettes de sa personnalité artistique — Leyla est née à New York au sein d’une famille d’immigrants haïtiens, pratique le violoncelle comme la guitare, et réside actuellement à La Nouvelle-Orléans — attestent du talent unique de cette nouvelle révélation de la planète blues. Ancienne compagne de route des célèbres Carolina Chocolate Drops, Leyla a fait la une de tous les magazines consacrés à la note bleue lors de la parution récente du formidable album « Vari-Colored Songs: A Tribute to Langston Hughes ».
La présence de Leyla au sein de cette Folk Blues Revue – USA est bien la preuve que le blues conservera toute sa pertinence tant qu’il sera capable d’associer de jeunes créateurs à sa longue histoire.