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Emzara

une femme sans visage , v^zetue d'une robe pourpre s'avance dans la lumière bras écartés
Mariana © Christian Ganet

Maryse Delente « La Cloche de verre »

Création en mai 2008, à Sceaux.
C’est sa singularité qui fait aussi sa force: rien ne fait ressembler le travail de Maryse Delente à celui d’un quelconque de ses contemporains en France. Et quand on lui voudrait trouver des analogies, ce serait avec le lyrisme de Martha Graham ou le souffle inspiré de l’expressionnisme allemand.
Avec « La Cloche de verre », ouvrage d’une heure, la chorégraphe replonge dans cet univers de féminité tragique où elle se complaît.
Aux images filmées de femmes flottant entre deux eaux (dues à Stéphane Broc), du pur Symbolisme, répondent sur scène cinq figures féminines belles et douloureuses, comme résignées à souffrir. La sombre partition de la IIIe Symphonie de Gorecki nimbe tout le spectacle d’une atmosphère lourde et dramatique.
Elle porte la chorégraphie dont la simplicité voulue est comme un long lamento, un chant plaintif qui s’achève dans un océan de larmes où se reflètent les ombres mortes de créatures pleurant ce qu’elles ont été.
Outre la musique, l’ensemble repose sur l’émotion dégagée par la chorégraphie, ponctuée de mouvements inattendus, pudiques et modestes ,sur la présence de la soliste. Et sur l’atmosphère créée par les lumières de Sébastien Lefèvre.
Le nouvel observateur -Raphaël de Gubernatis


(…) Maryse Delente se mesure sans fard à l'expressionnisme, qui est sa danse de cœur. Danse qui, le torse haut, serre les poings, attaque, s'empare de l'espace. Danse généreuse qu'il s'agit d'acérer toujours davantage. Très proche de l'Américaine Martha Graham, dont elle dit que c'est la seule qui l'ait fait pleurer d'émotion lorsqu'elle interprétait une de ses pièces au Ballet de l'Opéra de Lyon dans les années 70, la chorégraphe impose son écriture sous tension, dont les lignes nerveuses retiennent leur sève.

Paradoxale Maryse Delente! Son austérité apparente masque un bouillonnement permanent. Venue tard à la danse (elle entre au Conservatoire de Bordeaux à dix-sept ans), elle intègre quatre ans plus tard, en 1970, le Ballet du Capitole de Toulouse. Mais c'est dans celui de Lyon que, à partir de 1973, elle mène carrière avant de se mettre à son compte. En 1985, elle fonde sa compagnie, uniquement constituée de femmes, et s'installe à Vaulx-en-Velin, dans la banlieue lyonnaise, où elle construit son identité entre relectures de classiques comme Giselle ou le mensonge romantique et des créations. (…)
Le Monde / Rosita Boisseau



Un sacré «sacre»!

(…) La pièce maîtresse de la soirée consistait en la création du «Sacre du printemps» de la chorégraphe lyonnaise Maryse Delente. Après bien des chorégraphes et des plus fameux–Béjart, Neumeier, Pina Bausch...-Maryse Delente a voulu donner sa vision de ce puissant hymne à l'éclosion du printemps, symbole de vie, de fécondité et de renouveau. Et elle a poussé la gageure jusqu'à illustrer la foisonnante partition de Stravinski avec six danseuses seulement!
(...) La maîtrise de la chorégraphie est infaillible et son invention ne faiblit jamais. (…)
La danse est belle, à la fois très pure dans sa géométrie et très sensuelle dans son expression. Maryse Delente réserve aussi quelques coups de théâtre spectaculaire à la fin. Son «Sacre» s'impose parmi les plus marquants. (..)
Le Figaro/ René Sirvin


L'alchimie du geste Mariana

(…) Les danseuses de Maryse Delente ne sont pas de graciles petits rats mais des créatures aussi inquiétantes qu'érotiques. La chorégraphie de Maryse Delente s'épure de spectacle en spectacle pour se rapprocher de la perfection. (…)
Maryse Delente nous offre un spectacle accompli, riche en inventions et en imagination, dans lequel les danseuses s'adaptent parfaitement à une chorégraphie «viscérale».
L'Humanité/ Jean-Charles Lemeunier


Les Variations de Maryse Delente

Femme aux talents multiples, elle fait froncer les sourcils des doctrinaires
Quand, victime d'une arthrose de la hanche, Maryse Delente doit quitter en1985 le Ballet de Lyon où elle était soliste, plutôt que d'accepter une prudente reconversion au sein de l'Opéra crânement elle se lance dans l'aventure. Elle ne possède rien, sinon du talent, une volonté farouche et un tout jeune passé de chorégraphe: en 1982, sa première pièce, «Automne», a reçu le premier prix du concours chorégraphique de Cologne; la deuxième a vu le jour à l'Opéra du Nord; la troisième, un chef d'oeuvre, «Symphonia da requiem», trio de femmes déchirant et sartrien, a été écrite pour le Ballet de Lyon.
C'est sans doute ce qui incite le maire de Vaulx-en-Velin à lui offrir, dès 1986, un superbe studio, une subvention et le statut d'artiste résidente au centre culturel de la ville. Le geste avait son importance mais la somme pouvait paraître dramatiquement maigre à qui voulait faire vivre une compagnie, si petite fût-elle. Alors, si la chorégraphe en six ans crée huit pièces, dont cette «Mariana» qui force l'admiration de tous, elle déploiera tout autant d'énergie à tenter d'assurer un statut décent à ses interprètes. Cinq ans plus tard, a force d'ingéniosité et de travail, la compagnie jouit d'un plus gros budget annuel. Il faut croire qu'au ministère de la Culture on aime ce genre de jeune femme aux talents multiples.
Dieu sait pourtant si elle est atypique, Maryse Delente. A preuve sa politique qui l'a vue bâtir une excellente compagnie et tisser un solide réseau régional plutôt que de rechercher de vains succès à Paris, où ne l'aura jamais invitée ce Théâtre contemporain de la Danse dont c'est pourtant le rôle. A preuve, son style surtout, à contre-courant des tendances générales, ce qui fait froncer les sourcils des doctrinaires de tout poil. Car elle œuvre dans une veine lyrique et expressionniste où, sainte ou démoniaque, la femme est souveraine, où ses longs cheveux ondulés s'affolent sous l'effet d'une sensualité exacerbée. Dans ces corps qui ploient sous la passion, dans ces mouvements de poésie violente, on retrouve une lointaine théâtralité grahamienne. Mais quand ses pairs inclinent souvent vers le théâtre, Maryse Delente s'enivre de danse pure.(...)
Le Nouvel Observateur/ Raphaël De Gubernatis