Centre Culturel Charlie Chaplin de Vaulx-en-Velin

De quoi nous parle "Bubu's Blues", d'amour, de vie, de mort, c'est à dire de métaphysique.
Bien sûr le sexe et l'alcool sont des composantes de cette métaphysique mais il ne faut pas résumer cette pièce à son côté un peu anecdotique et réducteur, cela serait faux.
Gilles Deleuze ne disait-il pas: "les anecdotes de la vie valent bien les aphorismes de la pensée". Un poète n'a pas de biographie, sa biographie, ce sont ses textes.
"Je est un autre", disait Rimbaud, certes Bukowski n'est pas un normopathe, sa vie est truffée d'excès en tout genre, mais ce qui nous reste de lui c'est sa poésie, et plus loin ses romans.
Poète urbain, il s'intéresse à l'Homme dans la cité bruyante et tentaculaire, chape de plomb enserrant l'être de son immense.
Les extrêmes se touchent et cette fusion c'est la pièce.
Personnage tournant quelquefois le dos au public dans ce poème: " Elle sourit, elle sourit, elle sourit…".
C'est un peu, beaucoup, briser le miroir et le double que sont les spectateurs pour quelque chose d'intime, de vrai, de beau, d'unique, mettant fin à la représentation par l'essence. Cette représentation dont on ne peut échapper, le masque nous empêchant de s'aborder et d'aborder en réduisant la distance entre nous et nous.
Cette autre scène très belle et ce texte lu d'une voix monocorde et interne, marquée par la rythmique des caisses de bières, où intérieur et extérieur se lient encore une fois, par le son des bouteilles s'entrechoquant, fait sens.
Cette pièce est certes atypique et alors...
Elle sort du carcan désuet où s'enferme trop souvent le théâtre disant tout et ne suggérant rien.
Elle fait peau neuve de toutes ces sempiternelles ficelles où les pieds se prennent entrainant la tête avec.
Elle nous parle de liberté avec une force sauvage dans la difficulté quotidienne d'être et cela aussi, c'est la vie, l'amour, la mort et puis quoi d'autre ?...Hein !

André Blatter