Centre Culturel Charlie Chaplin de Vaulx-en-Velin

Vision de Corinne Méric, comédienne française

Au sein de Bande d’Art et d’Urgence, je mène un travail de création en essayant, à chaque fois, d’être au plus près de mes préoccupations et de mes envies théâtrales. Après le spectacle Alphonse de Wajdi Mouawad, je me demandais de quelle façon aller plus loin dans cette démarche, comment me rapprocher encore du théâtre intime et sensible que j’ai envie de défendre. Le hasard m’a fait croiser la route de l’auteur québécois Pascal Brullemans, au Festival Méli-môme en Mars 2010. Le désir de travailler ensemble, est né de cette rencontre et d’une intuition commune.
La démarche d’écriture de Pascal Brullemans est passionnante et vertigineuse, car elle donne une place réelle au comédien en tant que créateur. Habituellement, le texte existe au préalable et « rassure », et là, il naît de la rencontre, sur le plateau. Vivre l’expérience d’être au commencement de l’écriture, plonger vers l’inconnu, en partageant l’imaginaire de chacun, pour nourrir l’histoire que l’auteur écrit ; tel est le défi que Pascal Brullemans m’a proposé et que j’ai choisi d’accepter.

Vision de Pascal Brullemans, auteur québécois

Qu’est-ce qui différencie l’écriture pour le spectacle vivant des autres formes littéraires ? De cette question est née une démarche qui m’a amené à travailler en salle de répétitions.
Je n’ai jamais conçu mon métier comme une chasse gardée. Dans ma vision, l’auteur fait partie d’un processus, son rôle servant à générer une action par le texte. Cette parole doit être portée par le groupe. Généralement, j’ai une très vague idée du texte qui va naître. Puis, il se passe des choses, des improvisations, des paroles que je note dans un cahier. Je me retrouve alors avec des centaines de pages manuscrites où je vois peu à peu le texte se dessiner. Puis, je rentre chez moi et j’écris des bouts de scènes que le metteur en scène essaie de comprendre, et l’on parle, et je réécris, et tranquillement, la pièce se construit au fur et à mesure que notre dialogue progresse.
Cette rencontre avec l’autre, au cœur du processus de création, peut s’avérer extrêmement déstabilisante. Pourtant, chaque fois que j’ouvre ce dialogue avec des créateurs, je redécouvre la puissance du théâtre, ses possibilités qui outrepassent toute limite.
À la base de ce projet, il y a donc eu cette une rencontre avec Corinne Méric. De nos discussions est née l’idée d’une pièce s’adressant tant au public français, qu’à celui du Québec. Nous avons exploré par improvisations des situations liées à l’enfance, aux rituels de passages. Sur mes indications, la comédienne a composé différents personnages, improvisant les partitions de chacun. Je suis revenu de ces ateliers avec le matériel pour écrire Monstres.