20 ans de carrière !

Dominique A / del Cielo solo

Dominique A les bras croisés
Dominque A entre ombre et lumière
Si Dominique Ané est quadragénaire, son double Dominique A a vingt ans. Celui qui est considéré comme l'un des artistes les plus novateurs de la chanson française, l'inventeur du « lyrisme minimal », fête son anniversaire à l’Archipel à Fouesnant et au Théâtre de la Ville à Paris en rejouant, en trio, son premier album « La fossette ». Avant de se tourner vers l'avenir. Dans une seconde partie, il interprétera, avec son groupe rejoint par un quintet à vent, son prochain disque. Un concert inédit.

Il y a vingt ans.
En publiant, début 1992, le premier album de Dominique A, le jeune label discographique nantais Lithium ne se doute pas qu'il tient une pépite. Il ose pourtant, comme une inspiration et comme le souhaite le jeune auteur-compositeur-chanteur, sortir les chansons sans les retravailler, sans entrer en studio, en retouchant à peine la maquette.
« La    fossette »,    c’est    de    la    chanson    nue.   

« Avec    une    sécheresse contrebalancée par une extrême douceur, qui donne un côté sucré-salé, note Dominique A aujourd’hui. Je ne nie pas qu’il y avait là aussi une solution de facilité. » A l’époque, Dominique habite encore chez ses parents, à Nantes.
La fossette », il l’a bricolé dans sa chambre. On y perçoit les bruits de la maison familiale.
Surtout, cet album renferme en son sein un titre clé, une fine ritournelle mélancolique portée par un chant alors frêle, fragile, qui accroche instantanément l’oreille et qui dit :
« Si seulement nous avions le courage des oiseaux qui chantent dans le vent glacé... »
Pour Dominique A, « Le courage des oiseaux » a de la valeur parce que « les mots sont raccords avec la mélodie et parce que c’est un slogan, une espèce de haïku. Pour moi, à la limite, ce que raconte le couplet, je m’en fous et je pense que tout le monde s’en fout. Ils veulent juste entendre cette phrase... »

En ce début des années 1990, ce disque va marquer un tournant dans la création musicale française. Car s’il est possible d’enregistrer, aussi simplement, à la maison, en français, un titre que les radios diffusent et que le public aime, tout devient possible. Après Dominique A, ils vont être quelques uns à se mettre à créer seuls, voire à proposer ce genre de production minimaliste. La chanson française vient de perdre quelques complexes.
Et puis après.

La discographie de Dominique A fonctionne par cycles. Après «La fossette », sortent « Si je connais Harry » (1993), au bout du compte le moins marquant de ses albums, et « La mémoire neuve » (1995), avec lequel il touche le grand public, grâce au « Twenty-two bar». Fin de sa période    minimaliste.    Arrive    l’épidermique    « Remué »,    aride    et    noir, comme en réaction avec le succès commercial du précédent. Puis, « Auguri » (2001) où, pour la première fois, il délègue la production à un autre musicien, l’Américain John Parish.

Derrière ces deux disques, de transition, s’ouvre un nouveau cycle avec « Tout sera comme avant » (2004), où Dominique A accepte d’être sous influence. La faute à la poésie musicale de « L’imprudence », fameux album de Bashung. Dominique rêve aussi d'atmosphères, de lyrisme. Il s'entiche des mêmes arrangeurs. Avant de basculer, en 2006, dans l'épure,    la    fluidité    de    « L'horizon »,    à    l'écriture    romanesque.   
Cela débouche, l'année suivante, sur un premier album live, « Sur nos forces motrices ».    Fin    de    cycle.    Un    « one    shot »    déboule    ensuite :    « La musique » (2009) est un album peaufiné seul comme pour se donner le temps de passer à autre chose.

Jusqu'aujourd'hui.
Nous y voilà. 2012 est l'année d'un double défi : fêter vingt ans de carrière et aborder les vingt ans à venir... C'est le pari d'un spectacle qui pouvait être tout sauf passéiste. D'un côté, préserver le minimalisme de « La fossette », mais plus seul cette fois, non, à trois, avec deux guitares et un piano, pour des versions d'aujourd'hui sur un disque d'hier, qui a tellement compté. Et se projeter vers demain... par le biais d'un album encore en gestation. Veut-il mettre l'eau à la bouche ? Il raconte que son disque n'est pas urbain comme le précédent, mais pas tout à fait folk non plus, quoique « presque champêtre »... Il y a des textes narratifs mais aussi métaphoriques... Il y a de la simplicité, un rapport direct, mais surtout pas un regard sur la société. Il y a de l'énergie électrique et des instruments à vent, des bois (clarinette, flûte, hautbois), « parce qu'ils sont peut-être les plus proches de la voix humaine ».

Et puis sort le mot lumière. C'est ça. La petite ampoule allumée avec « La fossette » s'est multipliée. Dominique A parle toujours de l'intime mais cherche plus que jamais la lumière.