axes de mise en scène

Désarmés

sourire de connivence
Désarmés
Sébastien Joanniez me demandait de monter « Désarmés », nous l’avions, ici ou là, ensemble lui et moi, donné en lecture publique, mais, pour passer à la réalisation scénique, il fallait une sorte de conjonction alchimique : un cadre de travail, et comment rêver mieux que celui de la résidence dans 3 médiathèques du Rhône, qui nous aura donné de l’espace - des espaces, réels et imaginaires, à parcourir -, du temps – perdu, gagné, passé, précipité, partagé… et des compagnons de route – fidèles ou de fortune - sur tous nos chemins buissonniers…
Car la chair même du texte est pétrie d’espace et de temps, de terre et de ciel, de murs, de portes, d’air, d’ouverture…. une distribution idéale : deux jeunes comédiens – Chawki Derbel et Sarah Seignobosc - désireux d’engager dans une aventure hors normes, comme pour mieux se faire les dents, leurs différences, mais aussi leur jeune talent, leur enthousiasme, leur magnifique présence, et leur fraîcheur, et leur audace…

Car la parole qui se tisse et se délivre convoque les corps, l’engagement, et, dans la violence du monde, la respiration de l’impalpable… une scénographie qui puisse porter trace du processus de travail mis en oeuvre. Or j’emprunte à la Compagnie amie de l’Abreuvoir son cylindre de toiles blanches où viendront s’inscrire, en bi-frontal, des images tournées pendant nos répétitions publiques à Anse, à Condrieu, à Mions…
Car le texte nécessite de nouer dans un seul et même mouvement l’intime et le monde, le secret et le scandale.  A partir de là, il n’y a plus qu’à faire confiance. Et à aller au plus vif. Le texte ose donner la parole à l’essentiel, la liberté d’aimer sans frein, envers et contre tout et tous, de préférer la vie à l’ordre du monde., et de le signifier haut et clair. C’est son mouvement même de soulèvement, d’élargissement, d’effraction douce mais déterminée du réel, qu’il convient d’épouser pas à pas. Pour en réfracter toute la force de vibration, la lumière.
Gislaine Drahy