L’égalité entre les hommes et les femmes est au cœur des questions de société. Trop souvent encore on préfère opposer les sexes plutôt que de rêver la réconciliation pos¬sible des genres. Pour entrer dans le vif de ce débat d’actualité, j’ai choisi Les Ekklésiazouzes d’Aristophane .

Dans ce texte, les athéniennes, déguisées en hommes se rendent à l’assem¬blée du peuple pour faire voter le pouvoir aux femmes. Elles ne revendiquent pas davantage de droits pour elles-mêmes, leur objectif est de sauver la démocratie en proie à l’incivisme confus. Leur programme : la communauté des biens et le partage des richesses. Évidemment, Aristophane, n’est ni féministe, ni communiste ; la dérision et la satire sont ses armes et ses seules croyances pour dénoncer les dérives populistes de la démocratie athénienne. Sa fantaisie est de choisir les femmes en guise de porte-parole. Ces femmes qu’il raille sans cesse, elles seules sont pourtant assez folles et assez sages pour refaire le monde. Elles inventent donc le communisme - et pour ce faire, le féminisme. Inscrire la parité dans la constitution athénienne ? Demi-mesure : chez Aristophane, ce sont les femmes seules qui doivent gouverner. Qu’en disent les hommes ? Dès lors qu’ils seront sexuellement comblés, il est fort possible pour le reste qu’ils y trouvent largement leur compte.

La pièce d’Aristophane n’est certainement pas une utopie politique fondée sur la réconciliation des genres.  La comédie antique d’Aristophane nous rappelle que le théâtre est cette place publique où tout peut se jouer, se rêver et se dire, lieu d’une parole libre et critique, espace d’un débat démocratique et politique partagé entre acteurs et chœur, artistes et citoyens .
Notre Assemblée des femmes empruntera donc à la comédie d’Aristophane sa structure, ses scènes et ses personnages, et réinventera avec des références empruntées à l’actualité politique et sociale contemporaine, c’est à dire une forme d’expression libre et directe des acteurs au pu¬blic en lien avec la vie de la cité.
Dans un univers résolument contemporain, c’est l’engagement des acteurs tout autant dans le jeu de la comédie que dans l’adresse aux spectateurs qui fera de notre Assemblée des femmes, une utopie politique joyeuse fon¬dée l'inversion des rôles et  la réconciliation des genres.


Géraldine Benichou