Gislaine Drahy

III

Richard

La compagnie de Drahy n’a pas volé son nom de «Théâtre Narration» : de son premier spectacle en 1981, une adaptation de L’attente, l’oubli de Maurice Blanchot, à ces Serviteurs servis sur un plateau, se dessine une ligne obstinée.

Jean-Pierre Thibaudat. Libération, 2006


Inlassablement, d’oeuvres en oeuvres, de spectacles en spectacles, Gislaine Drahy poursuit sa quête. Son théâtre Narration est un théâtre à part, hardi, mélancolique…

Hervé Pons. Théâtres, 2004


« Musicienne du silence ». Depuis plus de vingt ans, Gislaine Drahy s’obstine à mettre en scène des textes non écrits pour le théâtre. Sa rencontre avec le livre de Boyer donne la mesure de son talent. Ou comment, à partir d’une écriture non linéaire où l’ellipse alterne avec le
ressassement, elle parvient à faire advenir du théâtre sans recourir ni à l’illustration, ni à l’incarnation des personnages. Drahy ne mâche pas le travail aux spectateurs, elle transmet la musique du texte…

René Solis. Libération. 2003


De clins d’oeil à Fassbinder en mise en abîme du questionnement moral, Gislaine Drahy ne s’éloigne jamais du théâtre et permet au texte de Frédéric Boyer de s’éclore telle une fleur japonaise

Hervé Pons. Mouvement, 2002



Depuis vingt ans, la directrice du Théâtre Narration trace une trajectoire d’une grande rigueur avec pour fil rouge des textes contemporains non écrits pour le théâtre. L’exception de La place royale, en 1994, confirme la règle : avec cette pièce de Corneille, elle avait rencontré un vif succès et tourné dans toute la France. Mais cette réussite n’a pas détourné Gislaine Drahy de ce qu’elle considère comme son chemin. Elle a bien fait d’insister : sa nouvelle création, Tourner le dos à la nuit, présentée à Gap en février, est un modèle d’intelligence au service d’un texte. (…) Drahy pratique en virtuose l’art du hors champ, de l’émotion suspendue à un détail : des enfants silencieux dans un coin, un vêtement accroché à un cintre, un brouhaha dans la pénombre. Parlant de l’expérience du deuil d’un proche, Boyer écrit « Oui, c’est le sentiment de l’irréparable qui nous fait défaut, et qui soudain veut que les choses soient ainsi comme elles sont, dans cette lumière nouvelle venue de très loin avant nous, les choses enfin livrées sans remède. Tristes ou gaies, horribles ou paisibles choses. » C’est cette même « lumière nouvelle » qui illumine le spectacle.

René Solis. Libération. 2002



C’est du théâtre de maintenant, d’après l’écroulement des dernières certitudes de culpabilité, où l’on se pose virilement les questions du pourquoi et du comment, sans faire fi des contradictions inhérentes à toute existence. Petite forme, certes, mais à l’usage d’un grand défi, dans laquelle les grandes secousses du temps s’exhibent sans fard, à poings et idées nus, en quelque sorte.

Jean-Pierre Léonardini. L’Humanité, 1996



Animatrice du Théâtre Narration, Gislaine Drahy a mis en scène la pièce avec des apprentis comédiens du Conservatoire de Lille.
Un spectacle initiatique pour de jeunes acteurs qui commencent l’aventure en collants et baskets et la terminent deux heures plus tard en costumes d’école, après avoir exploré toutes les ressources du théâtre. Parfaitement fidèle à l’esprit de Corneille, l’expérience respire l’intelligence.

René Solis. Libération, 1995


Ce qui frappe et séduit dans la mise en scène de Gislaine Drahy, c’est son parti pris visuel, mouvant. Du drapé d’un costume au moindre déplacement, la scène semble en mouvement. Susciter le geste, créer l’action et par là-même l’ambiance sans engendrer d’interférences, quand sur le plateau s’activent 37 comédiens, est tout simplement étonnant  Quand 35 de ces comédiens sont des amateurs, cela devient remarquable. Gislaine Drahy nous offre avec Les Suppliantes du bon théâtre…

M.N.C. Le Dauphiné Libéré, 1993


« Un théâtre de la générosité ». Gislaine Drahy met en scène la première pièce d’un auteur contemporain, Jean-pierre Milovanoff. La compagnie Blaguebolle a eu raison de faire confiance à cette jeune femme venue de Lyon. Une aventure heureuse pour Blaguebolle et pour le public. Une manière de dire que le théâtre est fait aussi de cette simplicité et de ce plaisir-là. Et au passage de nous souffler à l’oreille : même quand on n’a pour l’enjoliver que des mots et des gestes, quan d on n’est pas beaucoup aidé par la société, le langage de l’amour demeure diablement riche. C’est que ceux qui l’investissent ont une sacrée intelligence et sensibilité.

Claudine Galéa. La Marseillaise, 1990.