Genèse

Cirque Plume

Photo Henri Brauner.
Photo Henri Brauner.

... Et je me remets à des carnets de création. J'en ai écrit un peu entre ceux de "Plic Ploc" et maintenant, mais aucune constance. Rien. Je ne peux écrire que sous la pression d'un spectacle à créer.

L'atelier du peintre, donc… Tu connais "Les Ménines"? C'est un tableau de Vélasquez, qui le représente en train de peindre. Vélasquez se peint regardant celui qui regarde le tableau. Ce qu'il peint, on ne le voit pas. Et tout au fond, il y a un miroir et dans le miroir, on aperçoit le reflet de deux personnages, on devine que ce sont ses modèles. Dans cet échange de réel, de miroirs de regards, d'aller et retour entre l'œuvre, l'artiste et le spectateur, entre ce qu'on voit et ce qu'on devine, entre le mystère et la représentation du mystère, il y a toute la magie et l'essence du spectacle.
Picasso était fou de ce tableau et Francis Bacon tellement aussi.

J'avais envie de miroirs, de double, de représentation, de réflexion sur la représentation. J'avais envie de plâtre, de blanc, de statues et de terres. Avec un s. J'avais dans la tête des lumières et de l'obscurité, des lampes de poche, de la lumière matière.
Je tournais en rond avec tout ça. Mettant en tas des tas d'idées. Mais en tas, c'est-à-dire inempoignable.
J'ai pensé aux Ménines et j'ai relu ce qu'en écrit Michel Foucault. Lui sait dire, pas de problème, quelle classe ! C'est dans" Les choses et les mots". Je vous laisse y aller si ça vous intéresse, c'est passionnant. Enfin, j'ai compris que mes petits tas de plein de trucs étaient reliés par l'atelier du peintre.
Ouf ! Je tenais quelque chose...

Mais au début d'un spectacle, quand on tient quelque chose, on ne tient rien.
On a des trains qui passent dans la tête, qui n'ont jamais la même couleur, ni les mêmes wagons....

Bernard Kudlak
Carnet de création de "L'atelier du peintre"
(extrait du 15 mars 2007…)