Roy Gaines Orchestra Playing Tuxedo Blues

Shakura S’Aida / Roy Gaines

Roy Gaines tient sa guitare au dessus  de sa tête
Roy Gaines de Klaus Muempfer
L’Académie du Jazz vient de décerner son Prix Blues 2010 à Roy Gaines pour son album Roy Gaines & his Orchestra “Tuxedo Blues”. La cérémonie a eu lieu  le 12 janvier dernier à Paris, au Théâtre du Châtelet. Roy Gaines est de fait une  pointure, un monument, une tranche à lui tout seul de l’histoire du rhythm’n’blues et du blues américain.

Roy Gaines est né en 1937 à Waskom, au Texas. Très jeune, il commence à jouer du piano à la manière de Nat King Cole. Il se lie vite d’amitié avec d’autres musiciens locaux comme Johnny Copeland. Il se tourne alors vers la guitare et commence à jouer  dans les clubs de Houston.
Il rencontre là son héros T-Bone Walker en 1951,
et s’installe aussitôt à Los Angeles où opère l’influant T-Bone alors au sommet de sa gloire. Le jeune Roy intègre le  groupe de Roy Milton la nuit, et il fréquente l’université de Monterey où il apprend  l’harmonie le jour.
Dès 1955, il figure sur divers enregistrements de Big Mama  Thornton, Jr. Parker ou Bobby “Blue” Band. Parti tenter sa chance à New York, le
Texan collabore plusieurs années avec le très rhythm’n’blues Chuck Willis.

De 56 à l’aube des années 60, il travaille aussi en tant que guitariste de session recherché pour les labels Atlantic, Deluxe et RCA Records. Chuck Willis meurt en 1958, et Roy continue à hanter
les studios.

On peut par exemple l’entendre sur les albums de Jimmy Rushing, Coleman  Hawkins (Coleman Hawkins Plays  the Blues, en 1957) ou Billie Holiday. Il travaille également avec The Jazz
Crusaders et intègre le big band de Ray Charles en 1966, pour qui il écrit  No Use Cryin’(sur l’album Crying Time).

Dans les années 70, Roy Gaines fait de nombreuses apparitions en solo ou avec les Crusaders. Il collabore avec Aretha Franklin, The Supremes, Stevie Wonder ou Albert King. Il travaille régulièrement avec T-Bone Walker, jusqu’au décès de celui-ci en 1975.

Il travaille pour le cinéma et la télévision avec Quincy Jones. Dans les années 80, le guitariste enregistre le classique Gainelining et compose pour la BO du film La Couleur Pourpre (en 1985),
dans lequel il joue d’ailleurs un petit rôle.

Quelques albums solo illustrent les années 90, dont le fameux Lucile Works For Me et un hommage à T-Bone Walker pour Groove Note.
Il faut entendre sa version pure Texas swing du classique Okie Doke Stomp (également au répertoire d’un Clarence Gatemouth Brown) pour se rendre compte à quel point Roy Gaines excelle, à l’occasion, dans un jeu très jazzy et technique. Un monument, on vous dit.