revue de presse

La maison de Bernarda Alba

deux personnages de la pièce
deux personnages de la pièce

LE MONDE (26 MARS 2005)

Un Lorca entre grotesque et merveilleux
Soleil et ombre, noirs et lumière, désirs calcinés, rêves brûlant de liberté : c’est La Maison de Bernarda Alba, la dernière pièce écrite par Federico Garcia Lorca avant son exécution par les forces franquistes, à l’aube du 19 août 1936. Le metteur en scène Andrea Novicov, dont on peut voir pour la première fois le travail en France, en livre une version extrêmement originale et talentueuse, entre grotesque et merveilleux […]
Le petit théâtre de marionnettes d’Andrea Novicov est une boîte à illusions où ses (excellents) comédiens ne paraissent pas plus grands que des poupées se déplaçant devant des écrans de songes. Images somptueuses, beauté des costumes et des maquillages, des jeux de lumière, des tonalités de noirs et de bruns sourds, magie de ces figurines inspirées de Ménines de Vélasquez : La Maison de Bernarda Alba s’éloigne de la dénonciation sociopolitique directe pour devenir un conte noir, drôle et inquiétant. La rigidité d’une société cadenassée, qui fait de ses ouailles des avortons de la vie et de l’amour, n’en apparaît que plus cruelle – et terriblement actuelle.
Fabienne Darge

LA TERRASSE (MARS 2005)

[…] Faisant fi de tout réalisme, Novicov recrée la pièce de Lorca en trompe-l’oeil. Convaincu que la réalité n’est pas objective et qu’elle n’existe qu’à travers le sujet qui la perçoit et l’interprète, Novicov choisit un théâtre de figures qui force le spectateur à déplacer son regard. Jouant des disproportions et déjouant les attentes, il transforme les comédiens en homme-troncs par un habile dispositif de praticables, et fait évoluer ces monstrueuses marionnettes comme dans un théâtre de guignol, l’atrophie physique, symbolisant la vie étriquée des personnages. Un spectacle original et audacieux pour une pièce dénonçant les carcans meurtriers d’une société castratrice.
Catherine Robert

LIBERATION (7 AVRIL 2005)

[…] Nous, on a envie de dire à tue-tête que le metteur en scène, Andrea Novicov, et son septuor d’interprètes descendu(e)s de chez Goya, Vélasquez, Botero et Balthus à la fois, offrent un moment aussi insolite que prodigieux, où l’on rit de l’odeur de sainteté, cette eau de Cologne dans une bombonne géante, où chacune des soeurs épie l’autre, et où jamais l’on ne voit leur bas-ventre. Figurines humaines, aux mouvements de tricoteuses arythmiques, de poules dans leur basse-cour-prison. Une échelle un instant apparaît, qui n’est point celle de Jacob. Mais du malheur, et de l’humour.
Mathilde de la Bardonnie