synopsis

D R H

bob lipman de face devant une caravane, pendant le tournage du film
Bob Lipman
Léo Mandic, à la demande de la boîte qui l’emploie depuis plusieurs années, est chargé de recruter du personnel pour l’ouverture d’une
succursale aux abords d’une petite ville perdue de la vallée du Rhône.
Cette nouvelle unité sera multitâche, multi-service, aura pour activité ce que proposent la plupart des banques aujourd’hui : assurances,
crédits, mutuelles santé, etc.
En quelque sorte tout ce que l’on peut proposer au téléphone ou par internet sans nécessité d’avoir du stock ou une quelconque chaîne
de fabrication.
Cette expérience pilote, si elle fonctionne, devra servir de modèle à d’autres unités et Léo Mandic se doit de considérer cet exil dans un coin perdu comme une promotion. L’augmentation de son salaire en est de toute façon la preuve tangible.
Accompagné de Grace, son épouse, et d’un cadre dépêché par la maison mère, Léo découvre les nouveaux locaux : cet immense
open-space, une ancienne usine d’outillage, a été prêtée par cette petite municipalité en manque d’employeurs pour ses trop nombreux
chômeurs longue durée.
Le département et la région versent d’ailleurs une subvention aux entreprises qui décident d’investir cette zone franche. La subvention
est conséquente : les emplois créés sont nombreux et Léo a pour mission de recruter parmi la population locale en priorité.
Cette région est sinistrée, la localité plus sinistrée encore. Voire sinistre :
Quand les Mandic traversent la petite ville pour la première fois, à bord de leur voiture cossue et astiquée, les habitants hébétés saluent
tous d’un geste mécanique de la main.
Curieux.
Inquiétant monsieur le Maire dans son costume auréolé de taches de transpiration et qu’il semble ne jamais quitter.
Dérangeant ce SDF qui dormait sous des cartons, et que Léo, par pitié, tolère comme sous-locataire des sous sols de l’entreprise.
Etrange cette jeune femme qui dès leur arrivée sollicite un emploi de secrétaire alors qu’elle ne semble même pas savoir comment
fonctionne un traitement de texte. Elle propose même de ne pas être payée. Léo ne voit plus quel argument opposer pour refuser son
aide.`
Surprenant cette caravane garée dans la cour de l’usine et qui va servir de logement provisoire aux Mandic car la maison bourgeoise qui leur était destinée n’est pas habitable pour l’instant : conflit d’intérêt entre les héritiers.
Décalé ce médecin vieillissant chez qui Grace va consulter à cause de vomissements répétés et qui s’avère être héroïnomane.
Mais Léo Mandic est du genre à ne pas se laisser démoraliser, et c’est bien volontiers qu’il se met au travail.
Compte tenu du caractère expérimental et novateur de cette nouvelle forme d’entreprise, Léo se doit d’être laconique sur ses futurs activités, et se charge du recrutement essentiellement grâce à internet et
une web-cam.
Pour l’heure, il est seul au centre de ce vaste chantier en attente, et partage son temps entre le recrutement via internet, et l’étude des
catalogues des fournisseurs de mobilier d’entreprise, matériel informatique,
serveurs téléphoniques, etc.
Grace, elle, fait confiance à son mari. Elle est plutôt amusée par cette petite caravane qu’elle doit investir comme un lieu de villégiature.
Il est vrai que c’est le début de l’été, et l’ouverture de la caravane donne sur un vaste pré fleuri et descendant abruptement vers un petit ruisseau bucolique. mais pourquoi est-elle si sujette aux nausées depuis leur arrivée?
Léo recrute très vite en CDD trois chômeurs parmi la population locale pour s’occuper des premiers travaux : un maçon, un plombier,
un électricien.  Le jour de leur première embauche, le camion chargé des matières
premières indispensables aux travaux n’arrive pas. Léo supporte très mal la présence de ces trois ouvriers désoeuvrés et qui tuent le temps en jouant aux cartes, mais c’est comme ça.
Il doit, lui, comprendre pourquoi ce camion n’arrive pas. Imbroglio administratif, commande erronée ou incomplète, et chèque que le
comptable de la maison-mère a oublié de signer. L’attente du camion dure déjà depuis une semaine, et les trois ouvriers ne ratent pas une occasion de se moquer de Léo. Etre payés à jouer aux cartes, c’est une sinécure.
Dès le premier week-end, Meredith, la meilleur amie de Grace, leur rend visite, et Grace et Léo font bonne figure, même s’ils sentent que
quelque chose ne tourne pas tout à fait rond dans cette expérience.
Petit à petit, le doute s’insinue.
POURQUOI cette secrétaire incapable cherche-t-elle à l’accuser de harcèlement sexuel?
ET si les ouvriers et employés qui l’entourent maintenant n’en avaient qu’après sa femme, sa voiture, voire à sa vie?
ET pourquoi certains autochtones attendent parfois des heures devant la grille, saluant Léo de manière mécanique chaque fois qu’il
croise leur regard ?
ET ce clochard aux airs de vampire n’est-il pas dangereux au point de devoir l’enfermer dans les sous sols?
ET pourquoi ce putain de camion n’arrive toujours pas?
ET si ces nouveaux locaux n’était qu’un vaste placard pour un DRH vieillissant qu’il serait trop cher de licencier?
ET si tout ça n’était qu’un moyen pour une firme en difficulté de détourner des subventions?
Et si la firme qui l’emploie n’attendait que la faute grave, la démission, ou le suicide de Léo?
ET si Léo ne sombrait pas tout simplement dans la folie paranoïaque ?