Parker et Yanowski

Le cirque des Mirages

Il y a des mots qu’on hésite à dégainer tant ils pèsent lourd. Mais il y a des mots qui s’imposent. Parker et Yanowski ?

Anti-conformistes, c’est sûr. Révolutionnaires, peut-être. Renversants, c’est clair… Géniaux ? Sans doute. Oui, il y a une part de génie chez ces deux-là, dans leur démarche, leur audace, leur virtuosité à explorer les tréfonds de l’âme humaine pour nous les dévoiler au grand jour de la théâtralité. Les découvrir, c’est plus qu’un plaisir : un choc. Tellurique.

Yanowski, né poète, il y une trentaine d’années, dévoreur de chansons, le regard clair, lyrique, théâtral, immense,en mouvement perpétuel. Il est à l’écriture, à l’interprétation – on devrait dire à l’incarnation – et participe à la composition des chansons.

Face à lui, Fred Parker, le même âge, petit, vif, incisif, personnage un peu sombre qu’on devine prêt à bondir, nourri au jazz et à la musique contemporaine. Il tient les partitions, les arrangements, le piano et la cigarette.

Côté pile et côté face d’un duo providentiel. Ensemble, Parker et Yanowski ont donc inventé le Cirque des Mirages, une sorte de cabaret-théâtre expressionniste et fantasmagorique à l’univers trouble et troublant, qui défie nos sens, bouscule nos habitudes, explose nos carcans. Le Cirque donne à voir, à entendre, à rire, à penser.

Le corps dégingandé de Yanowski s’allonge et déborde dans une gestuelle saisissante.
Le doigté impassible de Parker martèle une étrange rythmique, sans fioriture mais avec une précision de métronome. Les textes nous plongent dans une eau pas très claire, sur laquelle voguent d’improbables pirates, des prostituées en goguette ou des aristos en bout de course. Le Cirque va bien au-delà du spectacle, c’est une expérience totale, musicale, visuelle, textuelle, à la fois violente et poétique, dont on ressort forcément chamboulé. Difficile à définir, puisque tellement hors norme.

Pour Parker et Yanowski, l’aventure a déjà plus de huit ans. A l’époque, le poète se cherche un pianiste pour monter un tour de chant. Le hasard fait bien les choses : ces deux là se rencontrent et sentent immédiatement leurs exceptionnelles complémentarités. Osmose.

Très vite, ils s’embarquent sur un premier spectacle, avec déjà cette même volonté de fouiller nos propres abîmes en conjuguant la magie du texte à celle de la musique et de la mise en scène. Envoûtants, Parker et Yanowski…..

Là-dessus, tout le monde est d’accord. Explorateurs en fragile équilibre, sur le fil de la raison et de la déraison, éveilleurs de conscience et d’inconscients.

Leur Cirque des Mirages fait surgir un invisible qu’on ne soupçonnait même pas.